Une découverte archéologique à Grenoble !

Opération d’Archéologie Préventive

Dans le cadre du projet de réaménagement de l’Esplanade, située à l’une des entrées de Grenoble, l’INRAP a mené entre mi octobre et le 1er décembre 2022 une opération d’archéologie préventive. Cela consiste à détecter et étudier d’éventuels vestiges qui pourraient être présents avant la réalisation des travaux d’aménagement1.

Grenoble peut être une ville pleine de surprises : en Juillet 2019, des fouilles préventives Rue de la République avaient déjà permis de mettre à jour des sépultures, probablement en lien avec la présence d’une église des Dominicains au XIV / XVème siècle.2

A l’Esplanade, les opérations menées ont révélé des trésors au sein des 18 tranchées creusées3 : Un puits, des pièces de monnaie, un squelette de cheval4
… mais aussi et surtout les vestiges d’un bâtiment, probablement religieux et daté du XVIème siècle !

L’ancienne entrée dans Grenoble

Il s’agit peut être d’une Chapelle, que les archéologues ne s’attendaient pas vraiment à trouver ici. En effet, le mail à l’origine de l’Esplanade est construit probablement vers 1596, en dehors des limites de la ville (situées au niveau de l’actuelle Porte de France). Cet espace plan est destiné à l’origine au stationnement et à l’entraînement des troupes, comme l’explique Fabien Isnard, archéologue de l’INRAP ayant participé à l’opération de fouilles.5

Ce mail correspond à un gain de terre sur les berges de l’Isère, consécutive à la canalisation du cours du Drac.6 Auparavant le lit de la rivière était bien plus large, et la zone marécageuse. L’accès à Grenoble s’est longtemps fait via le Rabot et la Montée de Chalemont (Jusqu’aux réaménagement commandés par le Connétable de Lesdiguières vers 1620, date de création de la « Porte de France » actuelle), et non par le pied de la falaise. L’annexion du quartier de la Porte de France à Grenoble (auparavant sur le territoire de la commune de Saint Martin le Vinoux) ne sera consacrée qu’en 1884.

Ce qui laisse présager d’une destination religieuse de l’édifice est d’une part la qualité des fondations (conséquentes), et d’autre part, à l’intérieur de l’emprise du bâtiment, la découverte de plusieurs sépultures. L’une d’entre elles est celle d’un jeune de 16/ 17 ans environ, allongé sur le dos, tête à l’est, peut être juste enroulé d’un linceul (l’un des éléments métalliques découverts pourrait d’ailleurs être une attache de linceul). D’autres étaient présentes, ce qui laisse envisager une occupation du site sur la durée, puisque l’un des squelettes recouvre en partie les pieds de celui de l’adolescent.

« Granoble » ( Grenoble) – Plan Aquarellé anonyme, entre 1639 et 1642 – Bibliothèque Nationale de France.
Musée de l’Ancien Évêché de Grenoble.

Sur ce plan de Grenoble au milieu du XVIIème siècle, l’urbanisation s’arrête au niveau de l’actuel Pont Marius Gontard. Le quai de France n’est pas bâti. Quelques bâtiments se trouvent hors les murs, au-delà de la Porte de France, dont on reconnait la silhouette. Les berges de l’Isère sont plus étroites qu’aujourd’hui.
Opération d’archéologie préventive à l’Esplanade de Grenoble – Novembre 2022
Des recherches à compléter

L’existence de plusieurs chapelles hors les murs de la ville est documentée (sans qu’elles soient localisées précisément). Il pourrait s’agir de la Chapelle « Sainte- Marie du Port de la Roche » qui passait pour être miraculeuse, mentionnée vers 1523 vers le bac du Port de la roche, et vraisemblablement détruite vers 1590. Ou bien de la Chapelle Saint-Jérôme, mentionnée dans les mêmes parages vers 1530. Ou encore de la Chapelle Sainte Marie, construite hors les murs vers 1650, que visitaient les femmes enceintes et à laquelle on confiant les nouveaux-nés abandonnés. 7 On ignore encore si des fouilles complémentaires vont être envisagées. Pour l’heure, les fosses ont été rebouchées. Les études post fouilles permettront peut-être d’en savoir plus sur cette trouvaille.

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